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Quand le Nouveau Monde prend les pires travers de l’Ancien…



Dans « l’Ancien Monde » (comprendre : le monde avant l’élection d’Emmanuel Macron), l’été était parfois propice aux décisions impopulaires, coupes budgétaires ou engagements reniés, pris dans la torpeur estivale d’un Parlement aux rangs clairsemés et profitant des vacances (et de l’inattention supposée) des Français.


Le nouveau Président de la République, son Gouvernement et la nouvelle majorité parlementaire macroniste, auréolés de leur victoire, juraient leurs grands dieux que le « Nouveau Monde » ne tomberait pas dans ces travers, que les engagements seraient tenus, les décisions transparentes et les arbitrages équitables. Bref, que le courage politique était de retour.


Las. Les belles promesses macronistes se sont fracassées sur le mur de la réalité dès le premier mois d’exercice de leur majorité. Et ce mois de juillet 2017 en particulier restera dans les mémoires comme le révélateur de leur impréparation flagrante : une communication sensationnelle mais dénuée de sens, premiers pas chaotiques à l’Assemblée nationale, autoritarisme humiliant à l’endroit de nos forces armées, réduction brutale des APL, etc. Autant de témoignages de l’effacement de la parole politique, au profit de l’esprit technocratique des comptables de Bercy.


Dans ce même registre, les collectivités locales ont fait les frais, en moins de 10 jours, du coup de rabot aveugle et généralisé qui guide désormais les décisions présidentielles.


Le 11 juillet, le Premier Ministre indiquait que la suppression partielle de la taxe d’habitation pourrait débuter dès 2018, avec une perte de ressources fiscales de près de 9 milliards d’euros pour les communes.


Le 17 juillet, le Gouvernement annonçait une réduction des dotations de l’Etat aux collectivités locales de 13 milliards d’euros d’ici 2022. Soit 3 milliards supplémentaires par rapport au programme présidentiel du candidat Macron. A titre de comparaison, la baisse du niveau de dotations décidée par le Gouvernement socialiste n’aura été « que » de 11 milliards d’euros sur 2014-2017…


Enfin, le 20 juillet, le Président de la République supprimait, par décret et dans la plus totale discrétion, plus de 300 millions d’euros de crédits destinés aux collectivités territoriales, parmi lesquels les dotations aux territoires ruraux ou l’investissement en direction des quartiers prioritaires.


Ces décisions, prises sans concertation avec les associations d’élus, touchent au cœur de l’autonomie des collectivités locales, pourtant protégée par la Constitution. Et au-delà de la forme, la majorité macroniste commet une erreur stratégique fondamentale. En effet, les collectivités locales représentent moins de 10% de la dette publique française, mais portent 70% de l’investissement public national. Emmanuel Macron applique donc la même recette que François Hollande, avec les mêmes conséquences : baisse de l’investissement local et donc de l’emploi, baisse de la qualité des services publics, et hausse prévisible de la fiscalité locale. Et dans le même temps, aucune économie structurelle sur le fonctionnement et le train de vie de l’Etat…


Pour le Conseil départemental du Val d’Oise, ce nouveau coup de rabot représente une perte de 14 millions d’euros par an, alors que nous figurions déjà parmi les Départements les plus vertueux de France dans nos dépenses de fonctionnement par habitant. Depuis 2011, nous avons surmonté les obstacles des réformes socialistes par des décisions courageuses, parfois impopulaires mais toujours indispensables, pour préserver les compétences et les capacités d’action du Département. Nous avons toujours privilégié les économies sur le train de vie de la collectivité. Nous poursuivrons dans cet esprit de responsabilité et de pragmatisme, et n’hésiterons pas à communiquer en transparence auprès des Valdoisiens sur les conséquences des décisions d’Emmanuel Macron.


Le nouveau Président de la République a été élu sur le rejet des partis politiques traditionnels. Dès son élection, nous nous sommes inquiétés de voir l’illusion d’espoir et de renouvellement, construite à dessein pendant sa campagne, s’effondrer aussi vite qu’elle est apparue. Nous nous sommes inquiétés de la configuration institutionnelle inédite et dangereuse qui voit une majorité parlementaire et un Gouvernement n’exister que par et pour le Président de la République.


Aujourd’hui, il semble que Jupiter, enivré par l’air trop pur de l’Olympe et trompé par les chœurs de ses courtisans, ait repris les pires travers de l’Ancien Monde. Alors que les piliers du temple macroniste montrent déjà leurs premières fissures, nous craignons que les élus locaux, comme autant de Cassandre, n’aient eu une fois de plus raison sur la réalité de la pratique du pouvoir d’Emmanuel Macron : l’absence totale de courage politique.

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