2017-2022 : un mandat, une majorité et beaucoup de doutes
Le cycle électoral de la présidentielle et des législatives est désormais derrière nous. Après une campagne privée de débat de fond, sanctionnée par une abstention record et par l’élimination des formations politiques historiques, le nouveau Président de la République dispose d’une majorité écrasante à l’Assemblée nationale, sans réelle force d’opposition.
Loin de résoudre les difficultés quotidiennes des Français, cette situation fournit de nombreux motifs d’inquiétude. En effet, une majorité parlementaire pléthorique donne de facto les pleins pouvoirs à l’exécutif, qui pourra imposer ses choix sans débat ni équilibre des pouvoirs. Les nouveaux députés macronistes, élus exclusivement grâce à une vague nationale, pour la plupart sans expérience ni ancrage local, exerceront leur mandat dans une totale soumission à leur parti, sans indépendance dans leur travail législatif, empêchant la représentation nationale de contrôler l’exécutif et de dénoncer ses travers. C’est aussi le retour en force de l’administration centrale et de la technostructure, pourtant tant décriées par les Français. C’est enfin la consécration de la politique marketing, du gouvernement par l’image, par le symbole et l’émotion. L’action publique mérite pourtant mieux que d’être jetée en pâture aux chasseurs d’audience et d’immédiateté médiatique.
Nous refusons d’assister au dépérissement de notre vie politique démocratique et républicaine, dont les Français n’ont jamais eu tant besoin. Celle-ci doit bien sûr se renouveler, se reconstruire et retisser le précieux lien de confiance avec tous nos concitoyens. Nous craignons que le bouleversement auquel nous assistons aujourd’hui, loin d’être un acte de réelle refondation, ne soit en fait que l’ultime avatar d’un mouvement de défiance, qui ne peut malheureusement que s’aggraver et déboucher sur une fracture de notre tissu social aux conséquences dramatiques.
Au-delà de ces craintes sur l’esprit même du mouvement macroniste et ses conséquences institutionnelles, nous nous inquiétons des projets et des non-dits du programme du nouveau Président de la République. Si nous partageons son souci de lutter contre le chômage par la refonte du droit du travail, nous doutons de sa capacité à faire aboutir une telle réforme au regard des divergences au sein de sa majorité kaléidoscopique. Autre motif d’inquiétude, la hausse de la CSG ne pourra que pénaliser le pouvoir d’achat des retraités et des indépendants, participant directement à la fracture sociale tant redoutée. Les insuffisances notoires du programme présidentiel en matière de lutte contre l’insécurité et de maitrise des flux migratoires constituent un écueil majeur pour la protection des Français et de notre équilibre social, à court et long terme. L’exonération quasi-généralisée de la taxe d’habitation, véritable « cadeau fiscal » irresponsable pour les finances publiques, entraînera une perte substantielle d’autonomie pour les collectivités locales. Enfin, nos territoires et les Départements en particulier, déjà particulièrement maltraités dans le précédent quinquennat, subiront une nouvelle baisse de dotations de 10 milliards d’euros, qui risque de clouer définitivement le cercueil budgétaire des collectivités les plus fragiles.
En tant qu’élus de terrain, au premier plan pour observer et résoudre les difficultés quotidiennes des Valdoisiens, nous partageons leurs craintes sur l’avenir de notre pays et resterons extrêmement vigilants quant à l’action de l’exécutif. Mais nous ne cèderons pas au défaitisme et au repli, conscients de nos responsabilités et des formidables atouts de la France et du Val d’Oise. Au sein du Conseil départemental, nous continuerons de travailler concrètement au service des toutes les communes et de tous les habitants, pour vous défendre dans la période troublée que nous traversons. Pour soutenir notre développement économique et la création d’emplois. Pour protéger les Valdoisiens les plus fragiles et favoriser l’insertion professionnelle. Pour donner le meilleur environnement éducatif à nos collégiens. Pour aider les communes et les associations à réaliser leurs projets. Pour préparer l’avenir du Val d’Oise, fidèles à nos valeurs de responsabilité, d’exemplarité et de courage politique.