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Un dernier été à l'Elysée...


14 août 2016, 55 rue du Faubourg Saint-Honoré. En plein cœur de l’été, François Hollande médite. Du carton de l’un de ses collaborateurs sur le départ s’est échappé un petit tract, sur lequel figure un visage émacié, une cravate droite sur un costume impeccable et un titre en rouge : « Le changement, c’est maintenant ». « 60 engagements pour la France », assorti d’une mention manuscrite : « Ce sont mes engagements, je les tiendrai ». Le Président de la République, seul dans son bureau, parcourt les pages et les promesses…


« Ramener le déficit public à moins de 3% du PIB dès 2013 et parvenir à l’équilibre budgétaire en fin de mandat » ? La France affiche encore 78 milliards d’euros de déficit, soit 3,5% du PIB. « Maintenir toutes les ressources affectées à la politique familiale » ? La révision du quotient familial a réduit les allocations familiales pour près de 500.000 familles. « Diviser par deux le nombre de jeunes sortant sans qualification du système scolaire avant la fin du quinquennat » ? Ils étaient 122.000 en 2011, ils sont 136.000 par an aujourd’hui. « Réduire la part du nucléaire dans la production d'électricité de 75% à 50% à l'horizon 2025 » ? Cela représente la fermeture du tiers de nos centrales nucléaires. « Introduire une part de proportionnelle à l'Assemblée nationale » ? Inenvisageable sans devenir le Président qui a fait rentrer, dans le meilleur des cas, 100 députés FN à l’Assemblée. « Les peines prononcées seront toutes effectivement exécutées » ? On dénombre encore près de 100.000 peines de prisons fermes non-exécutées. « Maintenir une ambition nationale pour notre outil de défense et les moyens de nos armées » ? La dernière Loi de Programmation Militaire entérine la suppression de 24.000 postes au Ministère de la Défense d’ici 2019…


Dans la mythologie grecque, l’Elysée incarne un paradis souterrain où séjournent les héros et les âmes vertueuses. Mais en se remémorant ses promesses de campagne et les derniers sondages, c’est dans le dernier cercle des Enfers de Dante que François Hollande se voit achever son mandat.


La liste est encore longue, mais serait incomplète sans mentionner le renoncement le plus criant de la mandature de François Hollande pour les collectivités locales, celui de sa promesse n°54 : « Mettre en place un pacte de confiance et de solidarité entre l'Etat et les collectivités locales garantissant les dotations à leur niveau actuel ».


La confiance entre le Gouvernement et les collectivités locales n’a jamais été autant mise à mal, avec la réduction drastique des dotations de l’Etat, représentant plus de 27 milliards d’euros de manque à gagner. Son cadeau électoral en direction des communes, en plus de relever du pur cynisme, exclut les Départements, pourtant les plus en difficulté financièrement. Les acronymes ésotériques des lois NOTRe et MAPTAM, présentées comme « l’Acte III de la décentralisation », se révèlent bien être le vaudeville juridique annoncé par les élus locaux. Par ailleurs, le Gouvernement laisse sciemment s’enliser les négociations autour du financement du RSA et des allocations de solidarités, versées par les Départements au nom de l’Etat sans compensation suffisante. Tous les ans, ce sont 7,2 milliards d’euros de charge nette pour les Départements, dont 4 milliards pour le seul RSA. Pour le Val d’Oise, l’insuffisance de compensation représente près d’un milliard d’euros cumulés depuis 2002, soit la quasi-totalité de notre stock de dette !


François Hollande promettait de rétablir la confiance, c’est une défiance inédite qui s’est installée vis-à-vis du chef de l’Etat. Il s’était engagé à « ré-enchanter le rêve français », notre pays s’enfonce dans le déclin. Il devait incarner un « Président normal », son quinquennat n’aura été qu’une succession de renoncements, d’erreurs stratégiques et de calculs politiciens. L’exact opposé de ce que les Français sont en mesure d’attendre du Président de la République.


Dès la fin de l’été, le débat public va se focaliser sur les primaires, puis sur les élections présidentielles et législatives. Nous formons le souhait qu’à cette occasion émergent idées, propositions, hommes et femmes capables de redresser notre pays. Nous attendons beaucoup en faveur des collectivités locales, qui devront avoir les moyens d’assurer leurs compétences dans une plus grande liberté. Au-delà de l’avenir de nos territoires, il est devenu impératif de réformer en profondeur notre système éducatif, de retrouver une véritable dynamique économique, de restaurer l’autorité de l’Etat et la confiance des Français envers les institutions. Nous participerons à ce débat déterminant pour l’avenir de la France, et soutiendrons toutes les propositions qui iront dans le sens du courage et de la responsabilité.

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